BATEAUX ELECTRIQUES sur le lac d’Annecy ?

BATEAUX ELECTRIQUES sur le lac d’Annecy ?

Communication de la AULA au collège des Usagers du 1er décembre 2011

Bonjour Mesdames et Messieurs,

Le 25 septembre, j’ai envoyé aux Maires riverains du lac un dossier d’une 15aine de pages et 11 annexes, pour les informer avant leur réunion du 5 octobre au sein du collège « Etat + élus », avec des éléments plus structurés que les propos prononcés au cours des réunions précédentes du collège Usagers des 8 juin et 13 septembre 2011.

Le motif principal de ce courrier aux Maires était surtout, et demeure, de m’indigner (puisque ce verbe est à la mode !) de la demande qui leur était faite par M. Th. Billet  : (je cite)

  • « qu’un effort public important pourrait ainsi être consenti pour permettre de faire évoluer vers l’électrique l’ensemble des bateaux à moteur d’une puissance inférieure à 25 CV »,
  • et encore «  non seulement d’offrir l’équipement, mais aussi d’aider les propriétaires de bateaux à leur transformation vers l’électrique »

Je vous résume donc ce dossier en 7 chapitres très argumentés

Les 2 premiers chapitres sont la contrepartie des arguments publi-promotionnels qui nous ont été présentés par la CNR principalement pour un bateau électrosolaire.

L’actualité radiophonique des 23 et 24 septembre s’est gaussé de l’aventure pagnolesque du ferry-boat solaire du Vieux port de Marseille : la plus courte liaison maritime (283 m) du monde !

  • 1 million d’€uro investi
  • Fonctionnement 1 jour sur 2
  • Abandon probable pour revenir à un ferry boat thermique

La chronique journalistique ne raconte pas les différents avatars des 10 autres exemples cités dans l’article du magazine « Energie et développement durable » qui a été joint au CR du 13 septembre…

Dans le 3ème chapitre, que j’ai intitulé : Pour l’AFBE « tout le monde des bateaux électriques il est beau!  tout le monde il est gentil ! », j’ai rappelé les réserves des rédacteurs du rapport du Commissariat général au développement durable de mai 2011 concernant le développement des véhicules électriques, qui peuvent être transcrites ligne à ligne aux navires électriques, notamment :

  • Les émissions de CO2 lors des phases de production et de fin de vie d’un véhicule électrique, surtout ses batteries ; (On parle de batteries de 80 à 300 kg et plus)
  • L’extraction et le recyclage des matières premières et des éléments chimiques nécessaires à la conception des batteries ;
  • […]

Avec leur conclusion : Au total, au bilan de ces évaluations et scénarios, il n’y a RIEN de fondamentalement décisif en faveur du véhicule électrique 

« Page 26 : […]  Pour le tout électrique  (vis à vis du thermique à essence), le bilan est négatif pour un usager en début et en fin de période, les avantages environnementaux ne couvrent ni le besoin de financement public, ni les coûts de possession très élevés ni les dépenses liées aux infrastructures de recharge […]. »

Dans le 4ème chapitre, j’ai recensé les solutions offertes aujourd’hui sur le marché des bateaux électriques avec leur coût d’achat pour un particulier :

  • Pour la pêche : un moteur de 250 à 500 Watts ( puissance d’un rameur !) coûte de 500 à 900 €, alimenté par une simple batterie de voiture rechargeable à la maison.

Un tel moteur électrique oblige de maintenir un moteur thermique pour aller et revenir d’un lieu de pêche. Il ne sert qu’à faire du « sur place ».

Pur être aux normes d’un compartiment étanche pour la batterie, une barque coûte 6 000 €.

Parmi la flotte des barques du canal du Vassé, par exemple, combien sont bien répondent à l’exigence de ces normes concernant le compartiment pour la batterie ?

  • Pour les bateaux de petite promenade
  1. Il y en a qui sont conçus avec de tels moteurs de moins d’1 kW de puissance. Leur prix dépasse 10 000 € HT.

Ils permettent de faire des ronds sur l’eau sur de très petits plans d’eau…

  1. Différentes formules de moteurs électriques et de batteries sont proposées pour équiper des coques conçues pour de l’électrique, dont le moindre prix et de 6 000 €:
  • Un 6 CV avec batteries plomb de 80 kg à partir de 4 000 €
  • Un batterie Lithium-Ion est de l’ordre de 6 000 € + moteur = # 10 000 €
  • Dans ces deux cas il faut une barque conforme = > 6 000 €
  • Pour les bateaux de plaisance
  1. Le modèle LAGUNA 760 en photo dans le Magazine est présenté en plusieurs options :
  • Standard = 9,8 kW + batterie NiCd = 62 200 €
  • Moteur 40 kW = supplément de 20 000 € donc total de 82 000 €
  • Moteur de 50 kW = supplément de 60 000 €, donc total de 122 000 €
  1. En juillet 2011 le Dauphiné libéré a publié une pleine page sur le bateau EPIC, en omettant, entre autres, d’indiquer que son prix dépasse 150 000 €
  2. Le célèbre chantier naval suisse BOESCH, annonce
  • Un 80 kW électrique à 180 000 €
  • Et un 120 kW à 330 000 €

Toutes ces solutions se confrontent :

  • Au mur de l’autonomie de 6h à moins de 2 h selon la vitesse de navigation
  • Au mur de la durée de vie des batteries selon le nombre de leur cycles de rechargement
  • Au mur du bilan CO2 de leur cycle de fabrication et de destruction

SCOOP : Demain le Salon nautique de Paris ouvre. Dans les allées des exposants le bruit court sur la dangerosité des batteries Lithium-Ion. Un constructeur de jet-ski aurait déjà renoncé à lancer sa nouvelle gamme avec ces batteries, suite à quelques incidents sur ses prototypes !

 

Dans ce chapitre, j’ai aussi rapporté les propos d’un observateur des bateaux de pêche qui sont venus à la chasse au brochet sur le lac d’Annecy en juin :

Ces bateaux prototypes sont équipés de moteurs thermiques de plus de 150 CV pour aller le plus vite possible sur le lieu de pêche, et d’un moteur électrique de < de 1 CV pour faire du positionnement géostationnaire « silencieux et propre » pour traquer les poissons avec un sonar ! ! !

Dans les 5ème et 6ème chapitres, j’ai apporté les éléments économiques d’exploitation des 2 bornes offrant 8 prises électriques sur le ponton d’Annecy le Vieux :

  • En 2011, il n’y a eu aucun utilisateur
  • C’est à dire que la commune devrait imputer les 1 000 € d’amortissement annuel des 10 000 € du coût de l’installation aux autres utilisateurs du port
  • Pour les années suivantes quelle sera la tarification applicable à 1 ou 2 candidats électriques pour amortir ces 1 000 € annuels ?
  • Sans parler de la facturation de l’éventuelle consommation électrique, car autant que je sache, il n’y a pas de compteur !

J’ai surtout argumenté que l’allégation principale avancée par M. Billet pour inciter les communes à équiper les ports avec des bornes électriques sur fonds publics est un déni de la réalité que le lac est silencieux et propre par la généralisation des moteurs thermiques, quelle que soit leur puissance et répondant aux normes européennes et américaines.

Je l’ai démontré dans d’autres contributions qui n’ont été contestées de façon argumentée par aucun des participants à ce collège des usagers, ni de celui « Etat + Elus » !

Et j’ai développé auprès des Maires, que quelqu’un qui voudrait s’équiper en bateau électrique devrait avoir une conscience écologique suffisament motivée, à partir du moment ou il peut investir les montants dont j’ai parlé, pour assurer lui même les conséquences de son choix et qu’il paie son raccordement au réseau électrique, comme on paie le raccordement aux réseaux d’égouts du SILA, de REDF pour l’électricité, de France Télécom pour le fil téléphonique, et de Veolia ou d’une régie pour l’eau, lorsqu’on construit une maison, et qu’il investisse dans le renouvellement de son embarcation, avec ses deniers….

Avant d’en venir à la conclusion du 7ème chapitre, j’ai lu en détail l’article du magazine « Energie et développement durable » qui a été joint au CR du 13 septembre.

Cet article cite une étude AFBE / Omega Consultants qui évalue la taille du marché des bateaux électriques de l’ordre de 1 à 2 % du marché des bateaux en France, et principalement orientée vers des usages fluviaux.

Selon un professionnel , il se vend au maximum une petite vingtaine de bateaux thermiques neufs sur le lac d’Annecy par an.

C’est à dire que le marché de bateaux électriques du lac d’Annecy est QUASIMENT NUL.

Pourquoi les communes investiraient dans un équipement qui ne correspond à AUCUNE DEMANDE ?

Le cas 2011 d’Annecy le Vieux illustre cette évidence !

En conclusion je vous lis les quelques lignes du 7ème chapitre qui est une demande insistante auprès des Maires :

« A mon avis ce serait un vrai scandale qu’informé(e) de tous les faits et de tous les aspects de cette « électrification » des pontons communaux vous jetiez volontairement de l’argent public dans le lac en suivant le prétexte totalement fallacieux de M.Th.Billet « …de régler les questions de pollution et de bruit », lesquelles sont de sa pure invention. »

 

Suivre la demande de M. Billet:

  • « Un effort public important pourrait ainsi être consenti pour permettre de faire évoluer l’ensemble du parc des bateaux à moteur de < 25 CV  vers l’électrique»*
  • « …pas seulement offrir l’équipement, mais aussi aider à la transformation vers l’électrique »

et suivre  celle d’un de vos collègues (M.Rey)

  • « l’achat groupé permettant de diminuer les coûts et participation éventuelle des collectivités pour aider les particuliers à s’équiper ».

ne repose sur aucun argument, autre que de satisfaire une clientèle électorale, qui se soucie peu en l’espèce de réduction de la dépense publique, ou qu’il y a d’autres priorités plus urgentes dans la vie sociale des communes…

Vous lirez l’intégralité de cette contribution lorsqu’elle vous sera diffusée avec le CR de cette réunion.

Merci de votre attention.

Jean Claude BUFFIN

Président de la AULA